entre dynamiques économiques et transformations des territoires selon des logiques
de développement durable qui illustre le passage de l’économie urbaine à
«l’économie urbaine durable» voire à la «métropolisation durable».
1.2.2. Bassand : l’introduction du développement durable pour bâtir une
métropolisation durable et stratégique
L’originalité de Bassand27 consiste à associer métropolisation et développement
durable comme Camagni et Gibelli. Les processus sont étudiés mais surtout mis
dans une perspective dynamique et programmatique et concernent autant les pays
du Nord que ceux du Sud. L’ambition est de proposer de nouveaux modes de
développement et de croissance urbaine. Ainsi, Bassand définit le développement
durable à partir des textes fondateurs, comme ceux du rapport Bruntland, mais
surtout grâce à un découpage en trois domaines : le développement social, la
croissance économique et la gestion environnementale.
Bassand participe, comme Ascher, du courant économique définissant des stades de
développement et s’inscrit dans les approches critiques de la modernité et de la
domination du Sud par le Nord. Il lui apparaît que notre époque entre dans l’ère de la
société informationnelle et programmée. Il reprend un certain nombre de principes
énoncés par Ascher comme l’individuation et la mouvance rationalisatrice28.
Toujours dans le registre des remarques d’ordre général concernant les travaux de
Bassand, la métropolisation est marquée par deux phénomènes concomitants mais
ne suivant pas les mêmes logiques29.
Le premier concerne l’étalement urbain. Les villes ne peuvent plus contenir la
croissance urbaine. Les populations les plus populaires ne peuvent plus rester en
centre ville. Elles migrent vers les grands ensembles disposés en périphérie des
centres dans un premier temps puis de plus en plus loin (apparition de quartiers
nouveaux et villes nouvelles de statuts divers : villes nouvelles industrielles, de
logements, etc.) et de rangs différents (nombre d’habitants, fonctions et
équipements, etc.). Ces dimensions de la question métropolitaine rendent compte du
phénomène de suburbanisation. Ces tendances s’affirment avec force grâce à des
techniques (les transports publics, l’automobile et le téléphone).
Le second est le résultat de la gentrification des centres villes. En dégorgeant les
centres, les populations plus aisées l’investissent en suivant les programmes de
rénovations urbaines. Mais le «chaos des villes» n’est pas résorbé : congestion et
pollution en résultent. L’environnement urbain est atteint. Un processus de
périurbanisation s’enclenche de façon concomitante. Les classes aisées s’installent
en périphérie dans des espaces protégés (lotissements, maisons individuelles,
autres formes de villes nouvelles sécurisées).
Ces deux phénomènes rendent facilement perceptibles les processus de la
métropolisation. Ceux-ci se constituent par contiguïté territoriale ou par
27 Sous la direction de BASSAND (Michel), THAI TI (Ngoc Du), TARRADELLAS (Joseph), CUNHA (Antonio), BOLAY (Jean-
Claude) Métropolisation, crise écologique et développement durable : l’eau et l’habitat précaire à Hô Chi Minh-Ville, Lausannes,
Presses Universitaires Romandes, 2000, 300p.
28 Ibid., p64 et 65.
29 Ibid., p.83.
14
interconnexion (phénomène des première puis deuxième et troisième couronnes, des
villes satellites et villes nouvelles, des zones économiques spéciales, etc.).
L’étalement urbain a pour corollaire une gouvernance métropolitaine sans espace de
représentation démocratique. Les acteurs sont multiples mais l’action politique est
fragmentée ce qui nuit à la cohésion et au contrôle par les citoyens.
Bassand aborde, avec la question de l’étalement urbain, les enjeux
environnementaux et affirme sa vision des métropoles prédatrices30. La
métropolisation serait porteuse de processus de dégradations environnementaux.
L’étalement non contrôlé a pour conséquences la pollution, la contamination de l’eau,
de l’air, de sols, etc. et son pendant, les inégalités sociales. Bassand utilise, à ce
point de sa réflexion, le terme de métropolisation durable31 pour pallier les
difficultés inhérentes à la croissance urbaine. Cet auteur la définit comme l’équilibre
entre l’équité sociale et économique, la préservation de l’écosystème et le
développement du patrimoine construit tant au profit des générations actuelles que
des générations futures.
Bassand passe de l’analyse économique et de ces effets pervers à une analyse de la
gouvernance, à caractère stratégique, prospectif et projectif. Pour pallier les impacts
négatifs tant sur l’environnement que sur les individus soit les effets d’exclusion, la
métropolisation doit favoriser les processus de liaisons interterritoriales32. Ceux-ci
concernent tant les macroterritoires (zones métropolitaines et aires régionales ou
nationales d’influence) que les microterritoires (districts, quartiers, îlots, etc.). La
vision ascendante est privilégiée.
Bassand prône des processus, entrant dans la métropolisation, qui sont des remèdes
à ses effets pervers. La métropolisation, si elle est laissée sans contrôle, si elle est
«sauvage», ne peut qu’être dangereuse pour l’environnement et les habitants. La
régulation partagée s’impose.
Comme Ascher, Bassand apparaît comme un théoricien de la «seconde génération»
sur la métropolisation. Il n’étudie pas seulement, de façon attentive, les processus
économiques et spatiaux à l’oeuvre mais fabrique des outils philosophiques (selon les
propres termes de Bassand33), réglementaires et opérationnels pour agir sur les
évolutions et dynamiques contemporaines des métropoles. Cet auteur veut lier la
durabilité et l’expansion urbaine.
Ainsi, ce premier chapitre montre l’évolution de l’étude la métropolisation. Lacour et
Puissant restent attachés à une lecture économique des phénomènes urbains. Les
principaux outils économiques sont appliqués aux dynamiques urbaines. L’analyse
des processus à l’oeuvre dans les villes est confrontée aux questions cruciales de la
diversité et de la spécialisation des espaces métropolitains. Il apparaît, alors, qu’une
modélisation est impossible et que le dosage entre diversité et spécialisation est
essentiel.
Parallèlement, des auteurs s’intéressent à des critères sortant du champ
économique. Ascher et Bassand introduisent, dans l’économie urbaine, des critères
30 Ibid., p.94.
31 Ibid., p.89.
32 Ibid., p.107.
33 Ibid., p.280.
15
stratégiques qui facilitent la mise en oeuvre de programmes opérationnels. Bassand
a, de plus, la particularité d’étudier les villes du Sud, Hô Chi Minh-Ville et de
s’interroger sur les effets des dynamiques internes aux métropoles et sur ceux de la
globalisation.
Cette introduction des pays du Sud, dans les réflexions sur la métropolisation, ouvre
l’étude aux travaux de Sassen. Cette auteur construit un modèle de dépendance et
de complémentarité entre métropoles qui rend compte de la place des villes de rang
mondial et des interactions entre l’action publique et les intérêts privés. Ensuite, des
chercheurs français et étrangers sont présentés afin d’appréhender l’originalité des
situations non occidentales riches d’enseignements pour les contextes français et
européens. La métropolisation apparaît, dès lors, comme un ensemble de processus
où les réseaux sont étroitement imbriqués avec des facteurs géopolitiques et urbains
marqués par la globalisation économique.
de développement durable qui illustre le passage de l’économie urbaine à
«l’économie urbaine durable» voire à la «métropolisation durable».
1.2.2. Bassand : l’introduction du développement durable pour bâtir une
métropolisation durable et stratégique
L’originalité de Bassand27 consiste à associer métropolisation et développement
durable comme Camagni et Gibelli. Les processus sont étudiés mais surtout mis
dans une perspective dynamique et programmatique et concernent autant les pays
du Nord que ceux du Sud. L’ambition est de proposer de nouveaux modes de
développement et de croissance urbaine. Ainsi, Bassand définit le développement
durable à partir des textes fondateurs, comme ceux du rapport Bruntland, mais
surtout grâce à un découpage en trois domaines : le développement social, la
croissance économique et la gestion environnementale.
Bassand participe, comme Ascher, du courant économique définissant des stades de
développement et s’inscrit dans les approches critiques de la modernité et de la
domination du Sud par le Nord. Il lui apparaît que notre époque entre dans l’ère de la
société informationnelle et programmée. Il reprend un certain nombre de principes
énoncés par Ascher comme l’individuation et la mouvance rationalisatrice28.
Toujours dans le registre des remarques d’ordre général concernant les travaux de
Bassand, la métropolisation est marquée par deux phénomènes concomitants mais
ne suivant pas les mêmes logiques29.
Le premier concerne l’étalement urbain. Les villes ne peuvent plus contenir la
croissance urbaine. Les populations les plus populaires ne peuvent plus rester en
centre ville. Elles migrent vers les grands ensembles disposés en périphérie des
centres dans un premier temps puis de plus en plus loin (apparition de quartiers
nouveaux et villes nouvelles de statuts divers : villes nouvelles industrielles, de
logements, etc.) et de rangs différents (nombre d’habitants, fonctions et
équipements, etc.). Ces dimensions de la question métropolitaine rendent compte du
phénomène de suburbanisation. Ces tendances s’affirment avec force grâce à des
techniques (les transports publics, l’automobile et le téléphone).
Le second est le résultat de la gentrification des centres villes. En dégorgeant les
centres, les populations plus aisées l’investissent en suivant les programmes de
rénovations urbaines. Mais le «chaos des villes» n’est pas résorbé : congestion et
pollution en résultent. L’environnement urbain est atteint. Un processus de
périurbanisation s’enclenche de façon concomitante. Les classes aisées s’installent
en périphérie dans des espaces protégés (lotissements, maisons individuelles,
autres formes de villes nouvelles sécurisées).
Ces deux phénomènes rendent facilement perceptibles les processus de la
métropolisation. Ceux-ci se constituent par contiguïté territoriale ou par
27 Sous la direction de BASSAND (Michel), THAI TI (Ngoc Du), TARRADELLAS (Joseph), CUNHA (Antonio), BOLAY (Jean-
Claude) Métropolisation, crise écologique et développement durable : l’eau et l’habitat précaire à Hô Chi Minh-Ville, Lausannes,
Presses Universitaires Romandes, 2000, 300p.
28 Ibid., p64 et 65.
29 Ibid., p.83.
14
interconnexion (phénomène des première puis deuxième et troisième couronnes, des
villes satellites et villes nouvelles, des zones économiques spéciales, etc.).
L’étalement urbain a pour corollaire une gouvernance métropolitaine sans espace de
représentation démocratique. Les acteurs sont multiples mais l’action politique est
fragmentée ce qui nuit à la cohésion et au contrôle par les citoyens.
Bassand aborde, avec la question de l’étalement urbain, les enjeux
environnementaux et affirme sa vision des métropoles prédatrices30. La
métropolisation serait porteuse de processus de dégradations environnementaux.
L’étalement non contrôlé a pour conséquences la pollution, la contamination de l’eau,
de l’air, de sols, etc. et son pendant, les inégalités sociales. Bassand utilise, à ce
point de sa réflexion, le terme de métropolisation durable31 pour pallier les
difficultés inhérentes à la croissance urbaine. Cet auteur la définit comme l’équilibre
entre l’équité sociale et économique, la préservation de l’écosystème et le
développement du patrimoine construit tant au profit des générations actuelles que
des générations futures.
Bassand passe de l’analyse économique et de ces effets pervers à une analyse de la
gouvernance, à caractère stratégique, prospectif et projectif. Pour pallier les impacts
négatifs tant sur l’environnement que sur les individus soit les effets d’exclusion, la
métropolisation doit favoriser les processus de liaisons interterritoriales32. Ceux-ci
concernent tant les macroterritoires (zones métropolitaines et aires régionales ou
nationales d’influence) que les microterritoires (districts, quartiers, îlots, etc.). La
vision ascendante est privilégiée.
Bassand prône des processus, entrant dans la métropolisation, qui sont des remèdes
à ses effets pervers. La métropolisation, si elle est laissée sans contrôle, si elle est
«sauvage», ne peut qu’être dangereuse pour l’environnement et les habitants. La
régulation partagée s’impose.
Comme Ascher, Bassand apparaît comme un théoricien de la «seconde génération»
sur la métropolisation. Il n’étudie pas seulement, de façon attentive, les processus
économiques et spatiaux à l’oeuvre mais fabrique des outils philosophiques (selon les
propres termes de Bassand33), réglementaires et opérationnels pour agir sur les
évolutions et dynamiques contemporaines des métropoles. Cet auteur veut lier la
durabilité et l’expansion urbaine.
Ainsi, ce premier chapitre montre l’évolution de l’étude la métropolisation. Lacour et
Puissant restent attachés à une lecture économique des phénomènes urbains. Les
principaux outils économiques sont appliqués aux dynamiques urbaines. L’analyse
des processus à l’oeuvre dans les villes est confrontée aux questions cruciales de la
diversité et de la spécialisation des espaces métropolitains. Il apparaît, alors, qu’une
modélisation est impossible et que le dosage entre diversité et spécialisation est
essentiel.
Parallèlement, des auteurs s’intéressent à des critères sortant du champ
économique. Ascher et Bassand introduisent, dans l’économie urbaine, des critères
30 Ibid., p.94.
31 Ibid., p.89.
32 Ibid., p.107.
33 Ibid., p.280.
15
stratégiques qui facilitent la mise en oeuvre de programmes opérationnels. Bassand
a, de plus, la particularité d’étudier les villes du Sud, Hô Chi Minh-Ville et de
s’interroger sur les effets des dynamiques internes aux métropoles et sur ceux de la
globalisation.
Cette introduction des pays du Sud, dans les réflexions sur la métropolisation, ouvre
l’étude aux travaux de Sassen. Cette auteur construit un modèle de dépendance et
de complémentarité entre métropoles qui rend compte de la place des villes de rang
mondial et des interactions entre l’action publique et les intérêts privés. Ensuite, des
chercheurs français et étrangers sont présentés afin d’appréhender l’originalité des
situations non occidentales riches d’enseignements pour les contextes français et
européens. La métropolisation apparaît, dès lors, comme un ensemble de processus
où les réseaux sont étroitement imbriqués avec des facteurs géopolitiques et urbains
marqués par la globalisation économique.